Le Père de Foucauld au Sahara,
de 1901 à 1916,
Par le général Jacques Richou – promotion « Corse et Provence » (1964-66)
Un saint-cyrien atypique, engagé pour nos deux patries, celle de la terre et celle du ciel.
Appartenant à la promotion « De Plewna » (1876-78), Charles de Foucauld est le premier (et le seul !) saint-cyrien à avoir été béatifié, à Rome le 13 novembre 2005. Déjà, en avril 2002, notre grand ancien, le général Michel de Suremain (promotion « Veille au drapeau » 43, décédé en 2014), publiait un article dans Le Casoar, à son sujet. Même si sa carrière militaire a été courte (six années en activité, rapportées aux trente ans vécus sous la bure monastique…), il a gardé toute sa vie ses affinités militaires sans jamais désavouer, - ni même dissimuler – quoi que ce soit de ses convictions patriotiques et spirituelles. Foucauld a réussi à approcher, connaître et comprendre le monde musulman, ce qui suscite l’intérêt actuel de son message.
Quel contexte politique et militaire à l’époque de Foucauld ?
La première biographie de Foucauld paraît en 1921 : René Bazin laisse parler Foucauld. Il a, avec lui, une profonde intimité de cœur, pendant tout ce travail (voyage et étude) qui a duré près de 4 années, avant la publication du livre. On peut y ajouter deux références : d’abord, en 1907, Foucauld écrit une lettre prémonitoire à son directeur spirituel, l’abbé Huvelin de la paroisse Saint-Augustin, à Paris. Il exprime le souhait d’un bon livre, écrit par un laïc, pour faire mieux connaître son témoignage [1] ; puis, un échange, quelques mois avant de mourir en 1916, Foucauld écrit à Louis Massignon[2]. Enfin, citons encore le cardinal Poupard[3], aujourd’hui président émérite du Conseil pontifical de la culture, lors d’une réédition du livre de Bazin en 2003, chez Nouvelle Cité.
Les relations militaires de Charles de Foucauld
Foucauld entretient des relations amicales avec l'armée, même si ses témoignages ne sont pas toujours élogieux ; Foucauld, écrivant un jour à Henri de Castries : « Ce que je vois des officiers du Soudan m’attriste. Ils semblent des pillards, des bandits, des flibustiers… ». Il y a surtout des aspects positifs dans ses relations avec l’armée ; on pourrait citer des dizaines d’exemples, officiers, sous-officiers et soldats…dans l’ordre chronologique, en voici cinq très proches : Castries, Lyautey, Motylinski, Laperrine et Hérisson.
Contexte de la colonisation de la IIIe République en 1900
La colonisation française, à cette époque, est portée principalement par des hommes politiques, idéalistes et laïcs, comme Gambetta ou Ferry qui écrit en 1885 : « Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures...». Si Foucauld y est favorable dans son principe et ses raisons – défense, sécurité et possibilité d’évangéliser -, il la considère souvent de manière critique. Il dénonce l'absence de lutte contre l'esclavage par les autorités coloniales. Ainsi, il s'est montré plus lucide que la plupart des responsables coloniaux de l’époque, annonçant la perte de notre empire africain, faute d'une volonté de justice et de progrès.
Organisation militaire sur place entre 1900 et 1920. Cette organisation militaire va évoluer entre 1900 et la guerre de 14-18. L’occupation des oasis du sud-algérien se développe par la création de trois annexes des Affaires indigènes (AAI) : Ain Sefra, Timimoun et Tidikelt. Les postes militaires du sud-algérien, occupés alors par des unités spécialisées, vont être renforcés par des compagnies sahariennes, placées sous le commandement des chefs d’AAI. En 1908, le commandement militaire supérieur des oasis sahariennes d’In Salah (CMSOS) a autorité désormais sur : l’annexe du Touat, celle du Tidikelt, les groupements de l’Ahaggar, centré sur Fort-Motylinski, et des Ajjer, centré sur Fort-Polignac.
Quelles étapes pour l’ermite entre 1901 et 1916 ?
Dans ce contexte complexe, tant sur le plan politique que militaire, Foucauld va vivre ses quinze dernières années, non pas comme un ermite immobile et coupé du monde, mais au contraire comme un homme de Dieu, voyageur et homme d’action infatigable.
Etape 1901-1905 : le prêtre ermite à Béni-Abbès. Au mois d'octobre 1901, le père de Foucauld s'installe à Béni-Abbés, au service religieux de l’armée, seule façon alors de pouvoir s’établir dans ces territoires, mais indépendant d’elle ; Foucauld est l’ami de tous. Il édifie avec l'aide des soldats présents une « Khaoua » (fraternité), composée de chambres d'hôtes, d'une chapelle, et de trois hectares de potager, achetés grâce à l'aide de sa cousine, Marie de Bondy.
Etape 1905-1914 Tamanrasset. Il va s’y installer en août 1905, et se construit une maison en pierre et terre séchée. Avec Moussa Ag Amastane, il aide les populations afin d'être en confiance avec eux, et rédige un dictionnaire touareg-français. En 1908, épuisé et amaigri, Charles se voit mourir. Laperrine lui fait parvenir des vivres. C’est à ce moment-là que l'armée construit un nouveau fort à 60 kilomètres au sud de Tamanrasset, Fort-Motylinski. Il découvre l'Assekrem et décide alors d’y construire, avec l'aide des soldats du Fort-Motylinski, un ermitage.
Les tournées d’apprivoisement. Il s’agit de ses déplacements, répétés dans le Sahara, effectués avec Laperrine, et avec d’autres officiers coloniaux. La première d’entre elles débute à Beni Abbès en janvier 1904, passant par l'oasis Adrar. En novembre 1905, il rejoint Mgr Guérin à la Maison Carrée - Pères Blancs - et lui demande d'envoyer des religieuses, malgré le climat difficile en France, lié à la loi de séparation de l’Église et de l'État.
La guerre de 1914 et l’assassinat en 1916. Quand Foucauld apprend la déclaration de guerre en Europe, il hésite à partir sur le front et il écrit [4] plusieurs lettres successivement[5]. Il sécurise son ermitage de Tamanrasset, avec un fortin en briques. Il y dépose des vivres, un puits, et des armes. Après la chute de Djanet, le 24 mars 1916, une grande partie de la population du Sahara et du Sahel se soulève contre l'occupant français, à l'instigation de la confrérie senoussi venant de Tripoli. Le 1er décembre 1916, un groupe de rebelles s’empare du bordj et le frère Charles est assassiné.
En quoi sa formation militaire a-t-elle influencé cet homme de Dieu ?
Aspects techniques et militaires. Foucauld était d’une fidélité sans faille à quelques principes militaires. Son attachement patriotique ne s’est jamais démenti. Foucauld est d’abord un soldat généreux et intrépide (les combats de Bou Amana, sud-oranais en 1881). C’est aussi un travailleur déterminé. Il reçoit, en 1885, la médaille d’or de la Société de géographie de Paris. Sa disponibilité et son esprit d’aventure : Algérie, Maroc, Syrie, Palestine, Rome, Béni Abbès et Tamanrasset…En définitive, il y a bien chez Foucauld de réelles qualités militaires (cf. la note du cardinal Poupard, dans sa préface de 2003 du livre de Bazin[6].
Charles de Foucauld et un ami officier, ancien compagnon d’armes, en 1916 à Tamanrasset, en Algérie.
Aspects diplomatiques et politiques. Il y a chez Foucauld une modernité, un esprit qui voit large et loin, contrairement aux critiques, nées d’un climat de repentance postcolonial et totalement dépassées. On a déjà évoqué plus haut la lutte de Foucauld contre l’esclavage. Il est acteur d’une œuvre de civilisation : développement technique et économique, santé, culture et éducation, défricheur pour préparer la voie, passion coloniale, qu’il faut comprendre et accepter sans anachronisme, avec la belle réflexion de Lyautey.[7]
Aspects plus personnels et spirituels. Sa conversion résulte d’un long cheminement personnel, de l’ombre à la lumière, et entretenu par une recherche assidue et volontariste. J’y ajoute l’accompagnement irremplaçable de sa famille, sa simplicité et sa sobriété, constantes et légendaires, son apostolat de l’amitié et son rayonnement missionnaire. Il défriche, il suscite l’amitié et l’admiration par son exemple, précisément parce que jamais, il ne renie sa foi ; il recherche le silence et l’abandon à la volonté du Père.
Pour conclure cette réflexion sur Charles de Foucauld au Sahara, un témoin engagé pour ses deux patries, celle de la terre et celle du ciel, c’est assurément un exemple réussi et d’actualité, dans le contact avec les musulmans.
Aspects plus personnels et spirituels. Sa conversion résulte d’un long cheminement personnel, de l’ombre à la lumière, et entretenu par une recherche assidue et volontariste. J’y ajoute l’accompagnement irremplaçable de sa famille, sa simplicité et sa sobriété, constantes et légendaires, son apostolat de l’amitié et son rayonnement missionnaire. Il défriche, il suscite l’amitié et l’admiration par son exemple, précisément parce que jamais, il ne renie sa foi ; il recherche le silence et l’abandon à la volonté du Père.
Pour conclure cette réflexion sur Charles de Foucauld au Sahara, un témoin engagé pour ses deux patries, celle de la terre et celle du ciel, c’est assurément un exemple réussi et d’actualité, dans le contact avec les musulmans.
[1] Réponse de l’abbé Huvelin : « Un seul nom me vient à l’esprit : l’auteur des Oberlé, monsieur Bazin. »
[2] Lettre à L. Massignon : « Il est un homme…dont les écrits sont en grande harmonie avec mes pensées : M. René Bazin. Je lui ai écrit récemment, lui demandant de nous aider dans l’œuvre de christianisation de nos sujets infidèles ».
[3] « Cet ouvrage remarquable m’a donné, voici bien un demi-siècle, de découvrir et d’aimer Charles de Foucauld ».
[4] Lettre à Laperrine du 14 décembre 1914 : « Ne serais-je pas plus utile sur le front, comme aumônier ou brancardier ? ».
[5] Lettre à sa cousine Marie de Bondy : « Vous sentez qu'il m'en coûte d'être si loin de nos soldats et de la frontière : mais mon devoir est, à l’évidence, de rester ici pour aider à y tenir la population dans le calme ».
[6] « Foucauld se révèle un excellent soldat. Dévoué pour ses hommes, il sait se faire aimer… De ces peuplades arabes, il veut comprendre la culture. Il ne va pas au Maroc en dilettante, comme ces modernes marées de touristes argentés… ».
[7] « Etre colonial, c’est faire de l’amitié. Je ne suis pas venu annexer des terres, mais rallier des âmes».
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Le Père de Foucauld au Sahara de 1901 à 1916
2017-01-28 10:57:41
saint-cyr.org
https://saint-cyr.org/medias/image/17911949485577f7a241c57.png
2017-01-26 10:57:41
2017-01-24 12:51:21
Le Père de Foucauld au Sahara,
de 1901 à 1916,
Par le général Jacques Richou – promotion « Corse et Provence » (1964-66)
Un saint-cyrien atypique, engagé pour nos deux patries, celle de la terre et celle du ciel.
Appartenant à la promotion « De Plewna » (1876-78), Charles de Foucauld est le premier (et le seul !) saint-cyrien à avoir été béatifié, à Rome le 13 novembre 2005. Déjà, en avril 2002, notre grand ancien, le général Michel de Suremain (promotion « Veille au drapeau » 43, décédé en 2014), publiait un article dans Le Casoar, à son sujet. Même si sa carrière militaire a été courte (six années en activité, rapportées aux trente ans vécus sous la bure monastique…), il a gardé toute sa vie ses affinités militaires sans jamais désavouer, - ni même dissimuler – quoi que ce soit de ses convictions patriotiques et spirituelles. Foucauld a réussi à approcher, connaître et comprendre le monde musulman, ce qui suscite l’intérêt actuel de son message.
Quel contexte politique et militaire à l’époque de Foucauld ?
La première biographie de Foucauld paraît en 1921 : René Bazin laisse parler Foucauld. Il a, avec lui, une profonde intimité de cœur, pendant tout ce travail (voyage et étude) qui a duré près de 4 années, avant la publication du livre. On peut y ajouter deux références : d’abord, en 1907, Foucauld écrit une lettre prémonitoire à son directeur spirituel, l’abbé Huvelin de la paroisse Saint-Augustin, à Paris. Il exprime le souhait d’un bon livre, écrit par un laïc, pour faire mieux connaître son témoignage [1] ; puis, un échange, quelques mois avant de mourir en 1916, Foucauld écrit à Louis Massignon[2]. Enfin, citons encore le cardinal Poupard[3], aujourd’hui président émérite du Conseil pontifical de la culture, lors d’une réédition du livre de Bazin en 2003, chez Nouvelle Cité.
Les relations militaires de Charles de Foucauld
Foucauld entretient des relations amicales avec l'armée, même si ses témoignages ne sont pas toujours élogieux ; Foucauld, écrivant un jour à Henri de Castries : « Ce que je vois des officiers du Soudan m’attriste. Ils semblent des pillards, des bandits, des flibustiers… ». Il y a surtout des aspects positifs dans ses relations avec l’armée ; on pourrait citer des dizaines d’exemples, officiers, sous-officiers et soldats…dans l’ordre chronologique, en voici cinq très proches : Castries, Lyautey, Motylinski, Laperrine et Hérisson.
Contexte de la colonisation de la IIIe République en 1900
La colonisation française, à cette époque, est portée principalement par des hommes politiques, idéalistes et laïcs, comme Gambetta ou Ferry qui écrit en 1885 : « Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures...». Si Foucauld y est favorable dans son principe et ses raisons – défense, sécurité et possibilité d’évangéliser -, il la considère souvent de manière critique. Il dénonce l'absence de lutte contre l'esclavage par les autorités coloniales. Ainsi, il s'est montré plus lucide que la plupart des responsables coloniaux de l’époque, annonçant la perte de notre empire africain, faute d'une volonté de justice et de progrès.
Organisation militaire sur place entre 1900 et 1920. Cette organisation militaire va évoluer entre 1900 et la guerre de 14-18. L’occupation des oasis du sud-algérien se développe par la création de trois annexes des Affaires indigènes (AAI) : Ain Sefra, Timimoun et Tidikelt. Les postes militaires du sud-algérien, occupés alors par des unités spécialisées, vont être renforcés par des compagnies sahariennes, placées sous le commandement des chefs d’AAI. En 1908, le commandement militaire supérieur des oasis sahariennes d’In Salah (CMSOS) a autorité désormais sur : l’annexe du Touat, celle du Tidikelt, les groupements de l’Ahaggar, centré sur Fort-Motylinski, et des Ajjer, centré sur Fort-Polignac.
Quelles étapes pour l’ermite entre 1901 et 1916 ?
Dans ce contexte complexe, tant sur le plan politique que militaire, Foucauld va vivre ses quinze dernières années, non pas comme un ermite immobile et coupé du monde, mais au contraire comme un homme de Dieu, voyageur et homme d’action infatigable.
Etape 1901-1905 : le prêtre ermite à Béni-Abbès. Au mois d'octobre 1901, le père de Foucauld s'installe à Béni-Abbés, au service religieux de l’armée, seule façon alors de pouvoir s’établir dans ces territoires, mais indépendant d’elle ; Foucauld est l’ami de tous. Il édifie avec l'aide des soldats présents une « Khaoua » (fraternité), composée de chambres d'hôtes, d'une chapelle, et de trois hectares de potager, achetés grâce à l'aide de sa cousine, Marie de Bondy.
Etape 1905-1914 Tamanrasset. Il va s’y installer en août 1905, et se construit une maison en pierre et terre séchée. Avec Moussa Ag Amastane, il aide les populations afin d'être en confiance avec eux, et rédige un dictionnaire touareg-français. En 1908, épuisé et amaigri, Charles se voit mourir. Laperrine lui fait parvenir des vivres. C’est à ce moment-là que l'armée construit un nouveau fort à 60 kilomètres au sud de Tamanrasset, Fort-Motylinski. Il découvre l'Assekrem et décide alors d’y construire, avec l'aide des soldats du Fort-Motylinski, un ermitage.
Les tournées d’apprivoisement. Il s’agit de ses déplacements, répétés dans le Sahara, effectués avec Laperrine, et avec d’autres officiers coloniaux. La première d’entre elles débute à Beni Abbès en janvier 1904, passant par l'oasis Adrar. En novembre 1905, il rejoint Mgr Guérin à la Maison Carrée - Pères Blancs - et lui demande d'envoyer des religieuses, malgré le climat difficile en France, lié à la loi de séparation de l’Église et de l'État.
La guerre de 1914 et l’assassinat en 1916. Quand Foucauld apprend la déclaration de guerre en Europe, il hésite à partir sur le front et il écrit [4] plusieurs lettres successivement[5]. Il sécurise son ermitage de Tamanrasset, avec un fortin en briques. Il y dépose des vivres, un puits, et des armes. Après la chute de Djanet, le 24 mars 1916, une grande partie de la population du Sahara et du Sahel se soulève contre l'occupant français, à l'instigation de la confrérie senoussi venant de Tripoli. Le 1er décembre 1916, un groupe de rebelles s’empare du bordj et le frère Charles est assassiné.
En quoi sa formation militaire a-t-elle influencé cet homme de Dieu ?
Aspects techniques et militaires. Foucauld était d’une fidélité sans faille à quelques principes militaires. Son attachement patriotique ne s’est jamais démenti. Foucauld est d’abord un soldat généreux et intrépide (les combats de Bou Amana, sud-oranais en 1881). C’est aussi un travailleur déterminé. Il reçoit, en 1885, la médaille d’or de la Société de géographie de Paris. Sa disponibilité et son esprit d’aventure : Algérie, Maroc, Syrie, Palestine, Rome, Béni Abbès et Tamanrasset…En définitive, il y a bien chez Foucauld de réelles qualités militaires (cf. la note du cardinal Poupard, dans sa préface de 2003 du livre de Bazin[6].
Charles de Foucauld et un ami officier, ancien compagnon d’armes, en 1916 à Tamanrasset, en Algérie.
Aspects diplomatiques et politiques. Il y a chez Foucauld une modernité, un esprit qui voit large et loin, contrairement aux critiques, nées d’un climat de repentance postcolonial et totalement dépassées. On a déjà évoqué plus haut la lutte de Foucauld contre l’esclavage. Il est acteur d’une œuvre de civilisation : développement technique et économique, santé, culture et éducation, défricheur pour préparer la voie, passion coloniale, qu’il faut comprendre et accepter sans anachronisme, avec la belle réflexion de Lyautey.[7]
Aspects plus personnels et spirituels. Sa conversion résulte d’un long cheminement personnel, de l’ombre à la lumière, et entretenu par une recherche assidue et volontariste. J’y ajoute l’accompagnement irremplaçable de sa famille, sa simplicité et sa sobriété, constantes et légendaires, son apostolat de l’amitié et son rayonnement missionnaire. Il défriche, il suscite l’amitié et l’admiration par son exemple, précisément parce que jamais, il ne renie sa foi ; il recherche le silence et l’abandon à la volonté du Père.
Pour conclure cette réflexion sur Charles de Foucauld au Sahara, un témoin engagé pour ses deux patries, celle de la terre et celle du ciel, c’est assurément un exemple réussi et d’actualité, dans le contact avec les musulmans.
[1] Réponse de l’abbé Huvelin : « Un seul nom me vient à l’esprit : l’auteur des Oberlé, monsieur Bazin. »
[2] Lettre à L. Massignon : « Il est un homme…dont les écrits sont en grande harmonie avec mes pensées : M. René Bazin. Je lui ai écrit récemment, lui demandant de nous aider dans l’œuvre de christianisation de nos sujets infidèles ».
[3] « Cet ouvrage remarquable m’a donné, voici bien un demi-siècle, de découvrir et d’aimer Charles de Foucauld ».
[4] Lettre à Laperrine du 14 décembre 1914 : « Ne serais-je pas plus utile sur le front, comme aumônier ou brancardier ? ».
[5] Lettre à sa cousine Marie de Bondy : « Vous sentez qu'il m'en coûte d'être si loin de nos soldats et de la frontière : mais mon devoir est, à l’évidence, de rester ici pour aider à y tenir la population dans le calme ».
[6] « Foucauld se révèle un excellent soldat. Dévoué pour ses hommes, il sait se faire aimer… De ces peuplades arabes, il veut comprendre la culture. Il ne va pas au Maroc en dilettante, comme ces modernes marées de touristes argentés… ».
[7] « Etre colonial, c’est faire de l’amitié. Je ne suis pas venu annexer des terres, mais rallier des âmes».
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