L'INDOCHINE GRANDEURS ET SERVITUDES : LE CASOAR d'octobre est en ligne
LE CASOAR - La revue de Saint-Cyr
Magazine N°255 - Octobre 2024
Dans ce numéro :
Le mot du président |
"L'Indochine, Grandeurs et Servitudes " par le général d'Armée Bruno Dary (72-74)- président de La Saint-Cyrienne 1954 – 2024, La Saint-Cyrienne devait rendre hommage à nos derniers compagnons d’armes d’Indochine ! Durant ce conflit, près d’une promotion d’officiers tombait chaque année au combat. Et si le sacrifice de Diên Biên Phu fut le dernier de cette ampleur, il ne fut pas le seul, ce justifie notre hommage aux combattants de cette guerre. A cet égard, il nous a semblé opportun d’évoquer les souvenirs du commandant Hélie Denoix de Saint-Marc, qui fit trois séjours en Indochine, à des périodes et dans des cadres différents ; ses enseignements restent pertinents, et éclairent toujours l’actualité. Dès 1948, Hélie fut engagé au nord Tonkin, dans le village de Talung, qu’il n’a cessé d’évoquer dans ses mémoires. Un accord entre Leclerc et Ho Chi Minh n’ayant pu aboutir, il fit la guerre aux Vietminh, durant deux ans, avec ses légionnaires et ses partisans, provenant pour la plupart de ce village. Et puis, un jour de février 1950, à la suite du basculement de la Chine dans la sphère communiste, il reçut, sans préavis, l’ordre de se replier vers le sud. Comme il l’écrira plus tard, il dut abandonner « des hommes et des femmes qui m’avaient fait confiance, que j’avais entraînés à notre suite », et, au moment de l’évacuation, il précisa même que « leurs mains s’accrochaient aux ridelles des camions et recevaient des coups de crosse jusqu’à tomber dans la poussière » ... La France s’était montrée généreuse en engageant son armée en Indochine, mais elle n’avait pas intégré qu’une large partie de la population locale s’était également engagée à ses côtés ; c’est pourquoi le revirement de la situation régionale modifiait son propre engagement et surtout remettait en cause la survie de la population. |
Notre École
1er Bataillon Le Triomphe et le passage au statut d'"Affreux" par le colonel Matthieu Delibes- promotion "Général Simon" (2003-06) - commandant le 1er bataillon de l'ESM Le cérémonial de l’armée de Terre possède un indiscutable génie pédagogique. Fidèle à une philosophie qui considère que le meilleur organe pour apprendre quelque chose, ce sont les pieds, il permet à ceux qu’il déploie en rang et colonnes minutieuses de réaliser très concrètement des idées importantes, de les intérioriser à travers quelques sensations élémentaires. Le plus emblématique exemple reste celui de la passation de commandement. L’ancien est là ; un autre rentre ; un bras se lève et le désigne comme chef ; montant et descendant se saluent et échangent leur place ; l’ancien quitte les lieux ; le nouveau reste et se racle déjà la gorge pour tonitruer son premier garde-à-vous. Que celui qui n’a pas compris lève le doigt. Dans un lieu comme l’AMSCC, où le culte rendu à l’exactitude cérémoniale ferait passer les plus vétilleux célébrants de n’importe quelle religion pour d’approximatifs animateurs de colonie de vacances, le soin apporté à la prise d’armes du Triomphe décuple encore l’efficacité pédagogique. Que l’on songe à l’arrivée dans l’ordre de bataille des formations d’élèves, où les plus jeunes sont progressivement rejoints et entourés par leurs anciens.Lire la suite: CASOAR-255- 1er Bataillon.pdf |
2ème bataillon Promotion "Capitaine Desserteaux" Notre parrain en Indochine par l'élève-officier Calixte Lanet - Père Système Baptisé de ce superbe nom de parrain le 20 juillet dernier, l’anniversaire des 70 ans de la bataille de Diên-Biên-Phu est l’occasion, pour nous, de mettre en avant l’épopée indochinoise de notre parrain qui lui coûtera la vie. Le 4 février 1947, le capitaine Desserteaux débarque à Tourane en Indochine, après une longue traversée à bord de l’Île de France. Après la libération de la France et l’occupation en Allemagne, il s’était porté volontaire pour servir en Indochine. Il est à la tête d’un unité de marche de chasseurs venus des 6e, 11e, 13e et 27e bataillons alpins intégrés au 1er bataillon de marche du 110e régiment d’infanterie. La situation est originale, il écrit même : « J'ai une belle compagnie. J'exerce un commandement à peu près unique. Jamais une compagnie de chasseurs n'est allée au complet en Indochine. Je demande seulement de les ramener tous, en bonne santé ». À l’approche des côtes indochinoises, l’atmosphère est devenue bien différente de leur vie presque paisible dans le Tyrol autrichien. En effet, les chasseurs ont à peine le temps de se mettre sur pied à Hué, qu’ils sont envoyés le 23 février dans les contreforts de la cordillère annamitique, lieu favorable pour l'ennemi. La mission consiste à couper la route des rebelles dans cette zone difficilement accessible, et à obtenir du renseignement.Lire la suite: CASOAR-255- Capitaine Desserteaux.pdf |
Dossier: L'Indochine, Grandeurs et Servitudes
La solution Bao Daï par le contrôleur général des armées François Cailleteau- promotion "Lieutenant-colonel Jeanpierre" (1959-61) Au printemps 1947, après l'échec du Viet Minh à s'emparer de Hanoï en décembre 1946 et l'exclusion des ministres communistes du gouvernement Ramadier en mai 1947, l'idée de négocier avec Ho Chi Minh n'est plus vraiment envisagée. La rencontre en mai entre Paul Mus, universitaire spécialiste de la région et collaborateur d’Émile Bollaert (qui a remplacé l’amiral Georges Thierry d’Argenlieu comme haut-commissaire de France pour l’Indochine), et Ho Chi Minh marque la fin des tentatives de négociation avec le Viet Minh.
En France, le nouvel équilibre politique donne un poids nouveau au Mouvement républicain populaire, le MRP, qui, aux élections de 1946, a eu un nombre de voix proche de celui obtenu par le parti communiste, nettement devant la SFIO et encore plus les autres formations, radicaux et partis de droite. Les deux ministères compétents pour la question indochinoise sont de façon continue tenus par des membres du MRP : aux Affaires étrangères, Georges Bidault (janvier 1947 - juillet 1947) et Robert Schuman (juillet 1948 - juin 1951). Si le second s’intéresse plus à la construction européenne qu’à l’Indochine, ce n’est pas le cas du premier, partisan d’un maintien de la présence française en Indochine |
Opération Atlante La dernière tentative de pacification en Indochine par le général de corps d'armée Michel Grintchenko -promotion " Général de Monsabert" (1982-85) Effet majeur du plan Navarre pour l’année 1954, l’opération Atlante a été lancée en janvier 1954. Elle devait permettre la conquête puis la pacification de quatre provinces d'Annam situées au sud du 16e parallèle, en faisant disparaître le Lien Khu V, bastion vietminh implanté au sud de l’Annam depuis 1945. Dans le sillage des troupes franco-vietnamiennes, l’administration vietnamienne devait s’implanter, fonctionner et éradiquer l’autorité vietminh. Elle devait maintenir sa crédibilité dans la durée pour créer une dynamique de reconquête irréversible, condition indispensable aux ralliements de masse. Opération méconnue, éclipsée par Diên Biên Phu, Atlante était pourtant porteuse de très grandes espérances.
Au début de l’année 1954 la France n’est pas encore balayée d’Indochine, même si la situation est très délicate. La bonne nouvelle de 1953 est que le gouvernement a enfin formalisé ses buts de guerre : ne pas chercher à rétablir la situation d’avant-guerre ; maintenir les États d’Indochine dans l’indépendance en dehors du système communiste ; mettre fin à la guerre par la voie de la négociation ; mener cette négociation avec une situation militaire aussi bonne que possible et obtenir le soutien et l’aide de ses Alliés. Ceci permet au général Navarre, qui a été nommé en 1953 pour établir une situation favorable permettant une sortie de crise honorable, d’élaborer un plan sur deux ans. Lire la suite: CASOAR-255- Operation Atlante.pdf |
Histoire
| Pourquoi commémorer le serment de Koufra? Par le général Régis Anthonioz - promotion « Commandant Morin» (1994-97) - Gouverneur militaire de Strasbourg, commandant la 2e Brigade Blindée Une caractéristique forte de la vie militaire est de s’inscrire dans l’héritage des anciens et d’y puiser des exemples de valeur, toujours valables pour affronter les difficultés du quotidien et nuancer sans doute ce que nous regardons aujourd’hui comme difficile. Notre imaginaire de soldat français est nourri par les récits épiques de plus de trois siècles de gloire militaire, mais le souffle du serment de Koufra a certainement quelque chose de particulier qui le classe à part. Je vous propose au moins trois motifs de garder vif le souvenir du serment de Koufra. D’abord, se rappeler des circonstances et s’imprégner de la résolution de ces hommes et de ces femmes. Le 2 mars 1941, lorsque le serment est pris de ne cesser le combat qu’une fois la cathédrale de Strasbourg pavoisée en bleu blanc rouge, c’est-à-dire une fois l’Alsace rendue à la France, la 2e DB n’existe pas encore. Il s’agit plutôt d’une force hétéroclite d’hommes et de femmes venus d’horizons divers, quelques centaines de combattants tout au plus, mal armés mais rassemblés par l’amour de leur pays et la soif d’en découdre. La France Libre n’en est qu’à ses débuts, ses forces sont limitées et son premier sursaut militaire d’ampleur viendra plus tard (Bir Hakeim, juin 1942). Pourtant, le serment de Koufra est annonciateur d’une campagne militaire époustouflante ; il est révélateur de l’opiniâtreté de son inspirateur le général Leclerc.Lire la suite: CASOAR-255- Histoire.pdf |
Saint-Cyr Alumni:
Immobilier en crise: quelle nouvelle donne pour le logement et les acheteurs Par Jean-Baptiste Gardes - promotion « Général Vanbremeersch » (2001-04) Le logement est un enjeu national essentiel - économique, social mais aussi environnemental, politique et culturel - qui est pourtant insuffisamment traité dans le débat public ces dernières années. Il est essentiel d’abord parce que le logement est un élément central du pouvoir d’achat des Français. Pendant longtemps, se nourrir était plus coûteux que se loger. Ce n’est qu’à partir de 1976 que les dépenses liées au logement (17,9 % des dépenses totales, incluant l'eau et l'énergie) ont légèrement dépassé celles de l'alimentation (17,7 %), selon l'INSEE. Aujourd'hui, la situation a profondément changé et le logement est de loin le premier poste de dépense des Français : en 2022, 26,7 % du budget des Français est consacré au logement, soit le double de ce qu'ils dépensent pour la nourriture. Ensuite, il est clair que le logement a des répercussions directes sur le service public. Avec la pénurie de logements disponibles combinée à l’augmentation des prix de l’immobilier depuis des décennies, le logement est devenu un enjeu majeur pour de nombreux travailleurs essentiels : infirmières, policiers, enseignants, ou encore pompiers. Ces professionnels, essentiels à la bonne marche de la société, sont les premières victimes de la pénurie de logements accessibles dans les zones dites tendues. Lire la suite: CASOAR-255- Alumni.pdf |
Transition Professionnelle:
Itinéraire d'un saint-cyrien, hier soldat, aujourd'hui diplomate par Guillaume Courty -promotion "Chef d'escadrons Francoville" (2008-11) Après un parcours de sept années effectuées en partie au 1er régiment étranger de cavalerie, notre camarade Guillaume Courty décide à trente ans de poursuivre autrement son engagement au service de son pays. En 2017, il rejoint le ministère des Affaires étrangères, d’abord comme personnel détaché puis en intégrant le corps des secrétaires des Affaires étrangères avec un statut de diplomate. Dans son témoignage, il nous guide sur ses choix et ses décisions, avec comme fil rouge sa volonté de toujours servir les intérêts de la France, y compris à l’étranger. C’est un exercice difficile de raconter son histoire, son parcours, ses joies et ses doutes, mais auquel je me prête volontiers car je l’espère utile pour ceux qui souhaitent, comme dans mon cas, servir la France, mais autrement. Difficile de témoigner de son parcours en pensant cela profitable mais je vais donc essayer de me livrer un peu, car c’est une étape de vie marquante. Et je vais surtout essayer d’être concret et honnête, car impossible pour moi d’imaginer il y a encore quelques années d’être là où j’en suis aujourd’hui. Premièrement, issu d’une famille peu acculturée à la chose militaire, je pousse la première fois la porte d’un centre de recrutement à quinze ans afin de m’engager à la Légion étrangère. Il est évident qu’à cet âge, et même si j’arriverai à rejoindre la Légion ultérieurement, le plan n’était manifestement pas de devenir saint-cyrien et encore moins diplomate. Lire la suite: CASOAR-255-Transition professionnelle.pdf |
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