Penser et réformer "à hauteur d'homme", l'hommage de la ministre au général Bosser
Madame Florence Parly, ministre des Armées Cérémonie d’adieu aux armes du général d’armée Jean-Pierre Bosser Chef d’état-major de l’armée de Terre Paris, le 11 juillet 2019 |
Monsieur le ministre,
Madame la ministre,
Monsieur le chef d’état-major des armées,
Monsieur le chef d’état-major de l’armée de Terre,
Monsieur le chef d’état-major particulier,
Monsieur le gouverneur militaire de Paris,
Mesdames et messieurs les officiers généraux,
Officiers, sous-officiers, soldats,
Mesdames et messieurs,
Général Jean-Pierre Bosser,
« Volontaire ». Vous êtes un volontaire de la première heure. A Saint-Cyr, puis à Castres évidemment, à Toulouse, en Afrique et en Europe, à Paris, aussi. Avec une ferme volonté, vous avez choisi de vous engager à un âge si jeune qu’il semblerait que c’est l’engagement qui vous a choisi. L’engagement qui ne vous a jamais quitté. Durant près d’un demi-siècle dans cette grande famille des Armées, durant 40 années au service de la Nation.
Il serait vertigineux de vouloir résumer les quatre décennies dont vous avez fait don à notre pays ; et je n’en ai d’ailleurs pas la prétention. Mais je pense que chacun ici, a à cœur de vous dire aujourd’hui toute notre reconnaissance et toute notre fierté d’avoir croisé votre chemin, peut être d’avoir grandi et travaillé à vos côtés, d’avoir œuvré ensemble au renouveau de nos Armées.
Ce sont les paras du 8 qui ont fait de vous l’homme, le soldat, le brillant officier général que vous êtes aujourd’hui. C’est là qu’éclot en vous l’« esprit guerrier » que vous n’avez cessé d’insuffler, de promouvoir et de transmettre. Ce supplément d’âme dont l’armée de Terre a été marquée de votre empreinte.
C’est aussi Saint-Cyr, le lycée puis l’école spéciale militaire qui a façonné l’homme et le soldat. Saint Cyr, école de panache et de gloire où l’on forge les corps et les esprits, les âmes fortes et les amitiés durables. L’école de ceux auxquels on confiera plus tard la responsabilité de conduire une jeunesse française que vous connaissez, que vous aimez. Cette jeunesse, vous l’avez vous-même aiguillée lorsque vous étiez en charge des formations des élèves. Vous y avez transmis votre goût de l’innovation, sans oublier les traditions qui font notre fierté.
Allier la modernité à l’intemporel, c’est aussi ce que vous avez fait lorsque vous avez commandé l’armée de Terre 5 années durant. Le temps de donner un nouveau souffle et un nouveau visage à cette armée de Terre que vous aimez tant et qui vous le rend bien.
Votre première mission ne fut pas des plus aisées, mais c’est bien grâce à vous que Sentinelle a pu voir le jour. Notre pays, touché sur son sol, blessé mais jamais défait, a vu qu’il pouvait compter sur ses armées pour faire face à la haine et à la barbarie. Aux côtés du chef d’état-major des armées, vous avez insufflé cet esprit de détermination et d’engagement à nos soldats qui patrouillent dans nos villes et auxquels nos concitoyens ne cessent de rendre hommage.
Audacieux, curieux, vous aimez penser autrement et cela fait de vous un véritable visionnaire. La surprise est une émotion qui vous est inconnue, l’étonnement n’étreint jamais votre calme. Vous êtes toujours dans l’anticipation et ce n’est pas pour rien que vous aimez employer l’expression de « radar ». Un radar à opportunité, un radar à difficulté, vous avez prouvé à maintes reprises votre fine compréhension du monde.
Vous avez été un moteur de la modernisation de l’armée de Terre. Vous avez traduit votre vision en actions : en concevant notamment le plan « Au contact » que vous avez mis en oeuvre et surtout mené à son terme, la plus belle récompense pour un dirigeant passionné. Vous avez aussi fait grandir et mûrir le programme Scorpion ; et je suis ravie que vous ayez été présent pour la livraison historique et symbolique du premier Griffon à l’armée de Terre.
Mais surtout, vous avez contribué à chacune de ces réformes avec un souci constant pour les hommes et les femmes de l’armée de Terre. Penser et réformer « à hauteur d’homme », c’est ce que nous partageons pleinement : votre volonté de renouveler les petits équipements de l’armée de Terre, du fusil d’assaut à la tenue de sport, nous en voyons aujourd’hui les premières réalisations et les premiers succès.
Vous n’êtes pas né général. Mais vous êtes né pour commander. Vous êtes une force tranquille, un homme de confiance, qui sait l’inspirer et la donner. Et c’est à toute l’armée Terre que vous avez redonné confiance ces cinq dernières années.
Vous incarnez avec élégance et force, le style de commandement de l’officier français, fait d’esprit de discipline. Fait de détermination dans l’accomplissement de la mission, mais surtout d’attention à tous vos soldats. Vous incarnez ce que le général Frère avait si bien résumé : « obéir d’amitié ». Vous suscitez l’envie d’avancer, de se dépasser, et surtout l’envie de servir, car vous montrez tous les jours que servir, c’est donner sans se soucier de soi-même. Vous avez bravé le danger sur le terrain, vous avez affronté toutes les épreuves, même les plus personnelles, avec une indéfectible détermination, avec un courage qui force l’admiration.
Vous avez prouvé qu’on peut avancer en grade et en expérience, en restant fidèle à ses débuts, fidèle à ses valeurs : humble et respecté, convaincu et convainquant, ferme et bienveillant.
Général, je sais que vous n’aimez pas la lumière et que ces minutes vous paraissent sûrement longues. Pour vous, les projets réussis sont menés en équipe. Les paras sont toujours accrochés au même câble dans un avion, et c’est avec l’âme d’un para que vous accomplissez toutes vos missions : l’esprit d’équipe et la complicité avant tout. Cet esprit de camaraderie et de cohésion, je pense notamment de cohésion avec les autres armées, vous l’avez porté avec vous jusqu’au sommet des responsabilités. Et avec toujours beaucoup de générosité pour ceux qui vous entourent.
Cette générosité, elle s’incarne aussi dans une cause qui vous tient particulièrement à coeur et que vous avez porté au ministère des Armées : celle des blessés, de ceux qui portent en leurs corps et en leurs esprits le prix de l’engagement. Nous vous devons la journée nationale des blessés de l’armée de Terre, que j’ai eu l’honneur de partager avec vous il y a quelques semaines et dont le succès n’est plus à démontrer après seulement trois années d’existence.
Votre choix pour la Fondation Mérieux apparaît comme une évidence, comme le point d’orgue d’une carrière exceptionnelle et d’une vie consacrée aux autres. Et en la rejoignant, nul doute : « vous ne demandez pas le repos, ni la tranquillité, ni celle de l’âme, ni celle du corps. » L’engagement ne vous quittera jamais, c’est une certitude. Vous continuerez d’y servir les autres, vous continuerez de bâtir un monde plus sûr. C’est un Général au grand coeur et un directeur général d’exception que gagne la Fondation.
Je souhaiterais donc simplement vous dire, au nom du ministère des Armées, merci. Merci pour ces années passées sous l’uniforme au service de nos valeurs, de nos hommes, de nos femmes, de la France. Vous avez marqué nos armées et je crois pouvoir dire sans me tromper que vous resterez dans les coeurs de tous ceux qui ont servi sous vos ordres. Et je ne doute pas que votre successeur, le général Thierry Burkhard, saura faire fructifier votre bel héritage à la tête de l’Armée de Terre.
Dimanche, tous les regards seront tournés vers nos armées. Vers nos soldats, nos marins, nos aviateurs, nos sapeurs, nos gendarmes. Vers les élèves-officiers de Saint-Cyr, vers les paras du 8, vers les requins que vous avez été et que vous serez toujours. Et dimanche, c’est aussi à vous que la France rendra hommage.
Vive la République, vive la France !
Source photos: © Laure Boyer © www.asafrance.fr
Commentaires0
Vous n'avez pas les droits pour lire ou ajouter un commentaire.
Articles suggérés