Le Musée de l’Armée a suspendu un squelette de cheval au-dessus du tombeau de Napoléon, sous le Dôme des Invalides, qui abrite dans sa crypte une nécropole qui est le Panthéon de nos gloires militaires.
Les pages Facebook de Thierry Lentz et de Pierre Branda, de la Fondation Napoléon, deux historiens qui se sont - en vain – opposés au projet, relatent l’affaire en détail. Avec raison, ils trouvent l’idée de placer une « œuvre d’art contemporain » dans un lieu de recueillement, alors que les salles du Musée de l’Armée sont là pour ça, est inappropriée, "grotesque et irrespectueuse". Elle peut apparaître aussi comme une provocation au moment où est commémoré le bicentenaire de la mort de Napoléon 1er.
L’artiste s’est justifié en disant qu’il avait trouvé son inspiration dans une coutume des guerriers mongols qui se faisaient enterrer avec leur cheval favori. Il affirme en outre avoir été soutenu par le général directeur du Musée, par sa conservatrice et par Mme Darrieussecq, ministre des Anciens Combattants et de la Mémoire (sic).
Il faut être un drôle d’artiste, à l’amour propre national en berne et à l’inspiration rabougrie, pour, tout en dénaturant l’œuvre de ses prédécesseurs, aller chercher chez l'adversaire d'alors le sujet qu’il n’a pas su trouver dans l’épopée dont on honore le bicentenaire.
Une certaine presse en a fait les gorges chaudes : « il ne s’agit que de placer des os sur des os », ou « un squelette sur les cendres ».
Cette affaire montre le manque de tact et de civilité des décideurs :
- En ignorant délibérément la différence qui existe entre un musée et une nécropole, ainsi que nos coutumes du culte des morts ;
- En ne comprenant pas qu’ils ne sont que les dépositaires, pour une courte durée, d’un lieu qui les dépasse, dont ils sont les garants de la pérennité devant les générations futures.
Elle traduit aussi le manque de respect à l’égard des morts, de leurs familles, de leur passé, de notre Histoire tout autant que l'ignorance, voire le mépris, pour les croyances religieuses et patriotiques de leurs concitoyens.
Il est d'ailleurs paradoxal que l'œuvre n'ait pas été en place le 5 mai dernier quand le Président de la République est venu honorer Napoléon 1er en s'inclinant devant son tombeau et que le 7 on assiste à une triste scène, sous la coupole, autour du tombeau de l’Empereur, qui vit cohabiter au sol les gerbes de fleurs qu'il avait déposées lors de la cérémonie du bicentenaire avec au-dessus, "l'offense installée".
On peut être ou non un adepte de l'art contemporain: une foire internationale a lieu chaque année à Paris au Grand Palais et lui est consacrée! Mais que l'art contemporain respecte au moins ce qui lui permet de vivre, notre civilisation et notre histoire.
En terminant ces quelques mots il m’est venu à l’esprit que l’Homme avait commencé à se distinguer des espèces animales le jour où il avait initié le culte de ses morts.
Commissaire-général Legros – de Linares – 72/74
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